Qui suis-je ?

Qui suis-je ? Pour répondre à cette question, l’évolution de ma compréhension de la reconnaissance, si importante pour chacun de nous, m’est apparue l’angle le plus représentatif de ce que je suis, de ce qui soutient les soins que je propose.
Avant de me présenter, pour déjà aborder la question de la reconnaissance, je suis comme toujours très heureux de conter cette histoire où une petite fille court vers son père pour lui montrer naturellement ce qu’elle est : innocence, bonheur et joie.

Le père très affairé ou très identifié à son rôle de père responsable ne prendra pas le temps d’être cette présence sensible qu’il est pour accueillir sa fille telle qu’elle est.

Même gentiment, il lui demandera si elle a été sage, si elle a bien travaillé à l’école. Cette petite fille en manque de reconnaissance de ce qu’elle est tentera sa vie durant d’être reconnue avec entre autres les critères de son papa.

Ainsi, elle mettra toujours à l’écart celle qu’elle est et sera alors que sa quête de reconnaissance selon les critères des autres sera le symptôme qui appellera à une réhabilitation de celle qu’elle a été et est toujours.

PSYCHOLOGIE DU TRAVAIL

En débutant ma formation de psychologue du travail, je me souviens avoir été émerveillé devant la clarté de la définition de Christophe Dejours en psychodynamique du travail. Selon lui, la reconnaissance ne pouvait être adressée que par un autre que soi puisque juge et partie.

Ainsi, la reconnaissance pouvait seulement être donnée via deux types de jugement : le jugement d’utilité via la hiérarchie et le jugement de beauté via les pairs. Ce n’était que dans un second temps que le professionnel pouvait rapatrier ces évaluations du côté de l’accomplissement de soi et de la construction de son identité.

Avec cette définition, nous comprenons pourquoi les salariés avec leurs attentes de reconnaissance si vitales sont si dépendants des autres et ainsi manipulables. Les organisations de travail l’ont d´ailleurs bien compris en instituant dans leur management l’utilisation d’une reconnaissance souvent fausse car intéressée. Les salariés pourtant non dupes sont souvent dans la confusion, leurs besoins et leurs espoirs d’être reconnus étant si forts.

Ni la gratitude des clients (ni les pratiques transgressives) ne sont d’un grand secours pour satisfaire le besoin de reconnaissance des travailleurs. Comme l’écrivait Christophe Dejours, «avant la reconnaissance, il faut la connaissance du travail en cause».

Avec Yves Clot en clinique de l’activité, il est possible d’accompagner le travailleur en lui donnant la possibilité de se reconnaître dans quelque chose : ce qu’il fait ou ne fait pas, son métier ou même ce qu’il fait de lui en travaillant. Le professionnel, détenteur de son métier avec ceux qui en partagent l’histoire, peut se reconnaître dans ce qu’il fait selon les critères du «bon boulot».

PSYCHOTHÉRAPIES

Quand j’ai découvert la Maïeusthésie, la description de l’être que nous sommes de Thierry Tournebise me faisait penser à celle du métier qui au sein de l’individu le transcende. Mais c’est bien plus que ça ! Indéfinissable, l’être se distingue de tout objet, de tout ce qui apparait. Le psychologue du travail se doit en effet non seulement de reconnaître le métier, celui qui le détient, mais aussi l’être que le travailleur est, cette présence qu’il est.

J’ai tout de suite été touché par celle de Thierry Tournebise qui émanait au travers de ses écrits. Je retrouvais ce qui m’avait enthousiasmé dans les approches humanistes : celle de Carl R. Rogers avec l’acceptation inconditionnelle, la congruence et l’empathie ou celle de Marshall Rosenberg avec la communication non violente (CNV) …

Le psychopraticien en Maïeusthésie accompagne en totale confiance son patient. Il sait que lui seul connaît le parcours le plus rapide et le plus respectueux pour retrouver son intégrité. Le levier majeur de son action de soignant tient à sa capacité à se mettre en proximité des dimensions intérieures de son patient qui ont besoin de se révéler. Le praticien ainsi s’émerveille des rencontres et des réhabilitations en chemin.

Son authentique bonheur est la condition indispensable afin que des contacts s’ouvrent, là où via des symptômes, il n’y avait que des liens distants avec des parts de soi dans l’ombre. Cette attention reconnaissante portée vers l’être, que ce soit de la part du psychopraticien ou du patient lui-même, permet la réintégration des êtres intérieurs, laissés de côté, depuis longtemps ou non : ceux que vous avez été, ceux dont vous êtes issus …

Un apaisement profond et définitif est atteint lorsque ces parts de soi sont reconnues et réhabilitées avec le vécu émotionnel qui est ou a été le leur quant à sa nature et sa dimension.